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— Je le souhaite et je l’espère, mon enfant, dit la comtesse dont l’accent était doucement affecteux.

Elle se pencha vers Irène et lui effleura le front d’un baiser.

Puis, changeant de ton tout à coup, elle reprit :

— Revenons à mon oracle. Je ne suis pas sorcière, mais il y a dans la bienfaisance quelque chose de surhumain : une magie dont le mystérieux pouvoir étonnerait certainement les profanes. Maudit soient ceux qui mettraient en mouvement cette force dans un but mauvais ! Ce serait le plus infâme des sacrilèges. Vous ignorez les choses dont je vais vous parler, et pourtant vous n’y êtes pas étrangère. Ainsi les enfants voient-ils souvent dans la bibliothèque de leurs parents des livres dont l’aspect leur est familier, mais que jamais ils n’ont ouverts… De la place où nous sommes ma fille, dans le champ de repos dont vous êtes la voisine, vous apercevez une tombe.

— Une seule en effet, celle du colonel Bozzo-Corona.

— Faut-il vous apprendre les liens qui attachent votre famille à la mémoire de ce saint vieillard ?

— Je sais qu’il était très riche, et que par lui la position de mon père changea pour un temps.

— Vous saurez à cet égard, tout ce que vous voudrez savoir. Mon mari et moi, nous sommes de ceux