Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas non plus ce noir mat qui dénonce l’absence de toute lumière à l’intérieur.

C’était comme si on eût rabattu d’épais rideaux au devant de la fenêtre pour faire le sombre.

Marguerite revint vers Irène et répondit :

— Je n’ai pas oublié ma promesse, mais j’attendais, je l’avoue, quelque bonne parole de vous au sujet de Reynier.

— Pour parler il faut penser, murmura Irène.

— Peut-être n’ajoutez-vous pas foi à mon récit, dit la comtesse en se rasseyant.

— Si fait, madame, répliqua Irène, car j’ai le cœur serré. Mais il y a derrière votre récit des choses que je ne connais pas. Vous avez blessé en moi une affection profonde. Vous ne l’avez pas tuée. Je doute…

Elle hésita avant d’ajouter :

— Et cela me donne un remord. Je me reproche mes soupçons.

— Vous êtes une noble créature, dit la comtesse qui lui prit les mains. Je ne me dissimulais pas les difficultés de ma tâche auprès de vous. Peut-être aurais-je dû débuter autrement. Il y a en effet autour de vous un mystère que vous ignorez. Suis-je beaucoup plus savante que vous ? C’est une question à laquelle nous répondrons mieux au terme de notre entrevue. Car il me reste bien des choses à vous dire. Voulez-vous que nous procédions par ordre ?