Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Irène et la comtesse Marguerite étaient assises tout près l’une de l’autre. La jeune fille avait les yeux baissés.

On aurait pu la croire très calme sans la pâleur de ses joues et la ligne de bistre qui estompait le dessous de ses paupières.

La comtesse qui ne parlait plus, semblait absorbée dans ses réflexions.

Elle se leva pour écarter la mousseline qui tombait au devant des carreaux et jeter un regard au dehors.

La lune était sous un grand nuage qui mettait tout dans l’ombre. C’est à peine si on apercevait vaguement les profils des massifs dans le cimetière du Père-Lachaise.

Seule, la tombe du colonel apparaissait, blanche sur ce fond noir.

Ce n’était pas cela que la comtesse Marguerite voulait voir. Sans tourner la tête, elle darda son regard aigu vers le retour du pavillon Gaillaud où était la fenêtre du cavalier Mora.

Rien ne brillait derrière les persiennes fermées.

— Madame, dit Irène, quand vous êtes entrée chez moi, vous m’avez annoncé que vous me parleriez de mon père.

Rien ne brillait, avons-nous dit. C’est exactement vrai, mais les interstices qui séparaient les tablettes des persiennes, à la croisée du cavalier Mora, n’avaient