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complète. D’un autre côté le drame, muet comme il était invisible, ne donnait aucun signe de vie.

Les trois quarts et demi des curieux avaient perdu courage.

Comme je vous l’ai dit, Reynier avait conscience d’être poursuivi, mais jusqu’à présent, son ennemi ne s’était point montré.

Vers la hauteur de la rue Bellechasse, l’eau se souleva à sa gauche et une tête parut.

Il reconnut la bouée de tout à l’heure et obliqua pour la seconde fois, mais la bouée plongea brusquement et dit avant de disparaître :

— Allons-y, Malou ! Il n’y a plus personne.

Presque au même instant, Reynier se sentit prendre par les deux jambes à la fois.

Il plongea sous ce double effort qui l’attirait irrésistiblement au fond de l’eau.

Malgré sa jeunesse vigoureuse et son habileté de nageur, il se crut perdu sans ressource, d’autant plus sûrement que la manière dont il était ainsi abordé indiquait deux virtuoses de la natation.

Il y avait près d’un quart d’heure maintenant que les deux faux agents le suivaient, et ils avaient dû se tenir presque toujours entre deux eaux.

Néanmoins, Reynier fit appel à tout son courage. Il rassembla ses forces en lui-même et donna une secousse terrible qui dégagea sa jambe gauche.

La droite restait serrée comme dans un étau, mais