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nations, comme il arrive à beaucoup d’entre eux. C’était un homme du monde, je l’ai reçu dans mon salon. Il s’était insinué dans les bonnes grâces de notre vénérable ami le colonel Bozzo. Mais en même temps, c’était un des bandits les plus redoutables qui aient jamais existé, et sous le nom de Toulonnais-l’Amitié, il était un des principaux chefs des Habits-Noirs. Ce mot ne vous effraye qu’à demi, ma fille. Tant mieux. Il y a bien des gens dans Paris qui ne peuvent le prononcer sans trembler, et je suis du nombre : les Habits-Noirs ont attenté plusieurs fois à ma vie.

— Leur nom, dit Irène, revient souvent dans la folie de mon père.

— Votre père est payé pour les craindre. Je vous ai parlé d’eux aujourd’hui uniquement pour vous expliquer le fait de deux faux agents, instrumentant sous l’œil même d’un commissaire de police. M. Lecoq était en son vivant, une puissance à la préfecture. L’association criminelle à laquelle il appartenait jouait de la police comme d’un instrument.

— Accusez-vous donc le cavalier Mora de faire partie de cette association ? madame, demanda Irène pour la seconde fois.

Au lieu de répondre, la comtesse dit :

— Le métier de ces faux agents n’était pas très facile. On avait dû les trier avec soin. Malou l’épileptique, sauta sur le parapet et de là dans la ri-