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je ? Reynier s’est-il déjà jeté hors du fiacre ? Non. L’idée lui en vint seulement parce qu’on la lui avait suggérée. Pendant que le camarade de Malou affectait un grand embarras, Reynier se dit : « Si j’étais libre, je courrais vers Irène. »

De là à ouvrir la portière et à sauter sur le pavé, il n’y avait qu’un mouvement. Reynier le fit.

Mais Malou, aussitôt guéri, sauta par l’autre portière, pendant que son camarade s’élançait derrière Reynier.

Et tous deux crièrent :

— Arrêtez ! arrêtez l’assassin !

Il y avait beaucoup de monde sur le pont. C’était l’heure où les ouvriers voyagent, revenant de leurs travaux. De tous côtés on barra le passage.

Reynier, traqué, acculé, sur le point d’être saisi, franchit le parapet du pont et se précipita dans la Seine…

— Et j’ignorais cela ! balbutia Irène. Il me disait : Ne parlez à personne, vous êtes entourée d’ennemis…

— Le comte Julian disait vrai, interrompit la comtesse.

— Vous savez son nom, madame ?

— Le comte Julian disait vrai, mais il n’ajoutait pas que lui-même était votre principal ennemi…

— Vous le haïssez donc bien ! murmura encore la jeune fille.