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silence autour de moi. Le cavalier Mora est un bon, un noble cœur.

Elles étaient pâles toutes deux, et entre elles une sourde colère couvait.

Mais au fond du courroux d’Irène il y avait de la terreur.

Elle sentait que sur sa tête un secret funeste était suspendu.

— Je n’étais pas venue pour cela, dit la comtesse Marguerite après un silence, mais je vais vous apprendre ce que vous désirez savoir. Dans votre dernière entrevue, Reynier vous avait dit : « je reviendrai une fois encore pour vous remettre les papiers de notre père. » Est-ce vrai ?

— C’est vrai.

— Reynier revint comme il l’avait promis. Il vous trouva évanouie.

— Ce doit être vrai, car je ne le vis pas.

— Il ne remporta pas les papiers de votre père. Les avez-vous ?

— Non.

— Votre père n’est pas fou, ma fille, prononça la comtesse avec énergie. Votre père mourra assassiné !

— Pourquoi me dites-vous cela, madame ? balbutia Irène prête à se trouver mal, tant l’épouvante lui étreignait fortement le cœur.

— Parce qu’un autre a les papiers, parce que ces