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— Reynier ne vous a jamais accusée d’avoir tendu le piège où il a failli perdre la liberté et la vie, mademoiselle !

Les yeux d’Irène s’ouvrirent tout grands. Elle répéta comme quelqu’un qui ne comprend pas :

— La liberté… la vie !

— Pouvez-vous donc ignorer ce qui s’est passé ici même ! s’écria Marguerite.

Irène détourna les yeux d’elle, et dit comme si ces paroles lui eussent coûté un douloureux effort :

— Oui, madame, je l’ignore… et je voudrais le savoir… maintenant.

Elle ajouta parce que la comtesse, incrédule, hésitait :

— On m’a dit seulement qu’il était venu, un jour que j’étais bien malade, et que… et que les voisins m’avaient protégée.

— Vous ! contre lui ! contre Reynier ! et vous l’avez cru ?

— Non… ou du moins, il y avait là quelque chose d’incompréhensible pour moi. J’ai souvent interrogé…

— Qui ?

— Tous ceux qui pouvaient savoir.

— Le cavalier Mora, surtout ?

— Oui… le cavalier Mora, comme les autres.

— Et c’est lui qui a accusé Reynier ?

— Jamais, madame. C’est lui plutôt qui a fait le