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cible don. Son regard était un talisman qui persuadait mieux que l’éloquence elle-même.

Elle consulta la petite montre d’un travail exquis mais très simple, qui était passée dans sa ceinture.

— Pas encore neuf heures, dit-elle, nous avons du temps devant nous. C’est pour la nuit seulement que je viens vous demander votre logis…

— Mais moi, madame, interrompit la jeune fille, tout naïvement, cette fois, où irais-je si je sortais d’ici ?

La comtesse Marguerite avait repris son air d’affectueuse protection. Au lieu de répondre elle demanda :

— Vous causerais-je du chagrin ou de la joie en vous disant que M. Reynier est à Paris ?

— Je ne savais pas que Reynier eût quitté Paris, répondit Irène.

— Ah ! fit Marguerite avec étonnement. Et vous ne cherchiez même pas à savoir pourquoi il ne se présentait plus chez vous ?

— La dernière fois que Reynier s’est présenté chez moi, il avait été convenu entre nous que sa visite ne se renouvellerait pas.

Comme Marguerite l’interrogeait d’un regard de plus en plus surpris, elle ajouta :

— Reynier avait une autre liaison, madame.

Cette fois la comtesse fronça le sourcil et baissa la voix pour dire :