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— Vous avez raison, mon enfant, c’est presque vous outrager que de répéter vos propres paroles.

— Avez-vous quelque chose à me dire contre le cavalier Mora ? s’écria Irène. Parlez ! Rien ne me surprendra. Je sais qu’il est entouré d’ennemis cruels qui ne reculent pas devant la calomnie.

La comtesse garda un instant le silence, puis répondit d’un ton dégagé :

— Non, je n’ai rien à dire contre le cavalier Mora. Je vous répète, mon enfant, que j’ai besoin de votre chambre. Je suis venue pour cela.

Irène répliqua :

— La première fois que vous me l’avez dit, j’ai cru avoir mal entendu. Il m’est difficile de comprendre comment Mme la comtesse de Clare…

Elle s’interrompit parce que Marguerite lui tendit la main en disant :

— N’essayez pas de feindre une défiance qui n’est pas en vous, ma fille. Vous êtes irritée contre moi, vous voudriez vous venger par un soupçon, mais le soupçon refuse de naître.

C’était rigoureusement vrai. Irène avait pensé au premier moment que Mme la comtesse de Clare était là peut-être pour le cavalier Mora lui-même, mais cette idée n’avait pas tenu, tout uniment parce que la volonté de Marguerite était qu’elle ne tînt pas.

On eût dit qu’il y avait en cette femme un invin-