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un plan de toilette… Vous ne me connaissez pas, mademoiselle Irène.

Elle souriait, mais sans amertume, et continua presque gravement :

— Ma chère enfant, je n’ai pas toujours été une grande dame, il s’en faut de beaucoup. Et qui sait si je n’ai pas à vous parler de choses plus importantes que la toilette même, pour vous d’abord — et ensuite pour moi ?

Elle avait pris le siège qu’Irène venait de lui offrir tardivement.

— Avant de vous asseoir près de moi, dit-elle, car je vous préviens que notre conversation sera longue, fermez la fenêtre et allumez une bougie.

Irène obéit. Il y avait un vague espoir qui se mêlait maintenant à sa crainte.

Vers quoi allait cet espoir ? La jeune fille n’aurait point su le dire, mais la comtesse Marguerite était de celles pour qui séduire est un jeu. Le seul accent de sa voix pénétrante portait avec soi la persuasion et la sympathie.

Celle-là, on l’avait aimée ardemment, follement.

Et il y avait encore un homme qu’elle faisait mourir d’amour.

Quand la bougie allumée par Irène brilla, la comtesse Marguerite avait relevé la dentelle de son voile et montrait à découvert ce visage aux lignes correctes dans leur finesse vigoureuse qui avait