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rer l’intelligence et la vaillance de cette redoutable aventurière qui tint un jour dans la même main ces deux armes si bien trempées : l’influence des premiers, des plus nobles salons du monde et le mystérieux pouvoir de la grande-maîtrise du Fera-t-il jour demain ?

Les tribunaux lui avaient donné la tutelle de la jeune princesse d’Eppstein, héritière unique des immenses domaines de la branche aînée de Clare par la mort du feu duc ; son crédit était sans bornes, tout lui souriait, et certes on eût lapidé le prophète de malheur qui aurait prédit alors l’étrange coup de foudre par lequel cette brillante existence devait être broyée si peu de temps après.

La comtesse, en entrant, traversa la chambre d’Irène et alla jusqu’à la fenêtre.

Irène balbutia :

— Si madame la comtesse m’avait fait connaître son désir de me voir, je me serais empressée…

— Voilà ce qui m’a donné à réfléchir, ma chère enfant, interrompit Marguerite : c’est d’abord la distinction de vos manières, et ensuite la façon dont vous vous exprimez… Vous m’avez vue tout à l’heure, je pense, au tombeau de mon respectable ami ?

Irène répondit affirmativement.

— Je voudrais que vous m’y eussiez vue déjà et bien souvent, reprit la comtesse en revenant sur ses pas. Celui qui est couché là était un juste sur la