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On ne voyait pas la porte, située dans la galerie et qui desservait le logement de garçon.

Enfin, sur la dernière porte du carré, du côté de la cour, une main lourde avait tracé à la craie blanche cette enseigne naïvement vaniteuse : M. et Mme Canada, rentiers, à Paris.

C’est là que nous entrons, par une tiède après-dînée de la fin d’août 1843.

La chambre de M. et Mme Canada avait deux fenêtres qui regardaient à travers le feuillage un peu déplumé des tilleuls, l’arrière façade de la maison, percée comme les charrettes du laitier.

Elle était meublée d’une foule d’objets disparates, dont le désordre ne semblait pas être un effet de l’art.

Vis-à-vis du lit sans rideaux qui avait pour couverture un vieux châle tartan aux couleurs criardes, on voyait un petit divan, un peu malpropre et déteint, mais qui n’était pas sans prétention à l’élégance. Au-dessus de ce divan, une guitare pendait avec une clarinette, un tambour de basque et un cor de chasse, le tout surmonté d’un parapluie en coton rouge de taille colossale.

Les autres sièges étaient des chaises de paille, comme à l’église.

Le plus large côté de la muraille était pris par une toile tendue comme une tapisserie des Gobelins,