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— C’est mon père… c’est mon père qui me met ces idées-là dans l’esprit. Je finirai pour avoir peur de mon ombre !

Le contact de la lettre lui donna un petit frisson.

— Pauvre père ! dit-elle encore, il voit des dangers partout, et des crimes ! Cette histoire qu’il recommence toujours et qu’il entame chaque fois comme s’il dévoilait un grand secret, elle est si confuse !… mais si terrible ! Est-elle vraie, cette histoire ? Elle doit être vraie, et c’est ce qui a porté le dernier coup à sa raison. Il faut bien qu’il y ait quelque chose, puisqu’il a tout abandonné, puisqu’il a brisé sa carrière pour s’enterrer vivant dans ces noirs souterrains de Stolberg.

Dans la demi obscurité, ses yeux essayaient de déchiffrer l’écriture serrée de la lettre.

Elle parvenait à lire surtout parce qu’elle avait déjà lu.

Dans toutes ses lettres, Vincent Carpentier, dont le cerveau était évidemment malade, recommençait le même récit.

Irène lisait :

« … Je vais enfin te dire pourquoi je suis un mort. J’avais vu le petit-fils mettre son couteau dans la poitrine de l’aïeul, je connaissais, pour mon malheur, le secret du démon. Je dis à Reynier de me retenir une place aux Messageries : c’était la troi-