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prier sur la tombe d’un vieillard généreux qui avait appartenu au très grand monde, et pourtant Irène fut surprise, car, depuis qu’elle habitait le pavillon Gaillaud, elle n’avait jamais vu personne accomplir ce pieux pèlerinage.

À Paris, quand nulle passion politique ne s’en mêle, c’est de très loin qu’on honore les reliques des saints.

Irène avait tourné son regard vers la comtesse tout uniment pour voir si cette dernière avait aperçu le beau cavalier. Entre femmes on se devine.

La comtesse, immobile et penchée, semblait en prières.

Seulement sa prière ne dura pas longtemps.

Quand elle se redressa, ce fut pour darder encore au retour du pavillon ce même regard perçant et rapide.

Mais dans l’intervalle les persiennes avaient roulé sans bruit sur leurs gonds et désormais Irène seule pouvait voir, entre leurs battants demi-fermés, la figure du cavalier qui lui souriait toujours.

Une nuance rosée monta aux joues de la jeune fille. Les persiennes, poursuivant leur mouvement, se fermèrent tout à fait.

Mme la comtesse drapa sur ses épaules les plis légers de son châle de dentelle et s’éloigna sans même accorder un regard à la fenêtre d’Irène.

— Elle ne m’a pas vue, pensa celle-ci, au moment