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leurs repaires on ne sait où, le diable était retourné en enfer. Cet autre Paris existe, quoi qu’on en dise. Il a sa poésie et ses légendes comme il a ses grands hommes et ses dieux.

Dans ce Paris, la mémoire du colonel Bozzo restait haute comme une épopée. Et de même qu’après le dernier jour de Charlemagne ou de Napoléon, l’espoir restait de les voir tout à coup apparaître, soulevant d’une épaule puissante le marbre du sépulcre, de même les anciens sujets du roi-mystère, les enfants du Père à tous, attendaient avec une confiance superstitieuse la résurrection de leur noir messie.

On l’attendait d’autant mieux qu’une rumeur circulait parmi ce peuple. On disait que le colonel avait emporté le secret des Habits-Noirs, et les Maîtres qui avaient formé autour de lui pendant des années, une sorte de conseil des ministres, ne savaient où était enfoui le fameux trésor, grossi depuis les deux tiers d’un siècle, par la réussite de tant de crimes.

Irène, cependant, restait cachée derrière la bordure fleurie qui ornait sa fenêtre et regardait de tous ses yeux la femme élégante et belle qu’elle avait désignée ainsi « Mme la comtesse. »

Il y avait dans ce regard des inquiétudes et déjà de la jalousie.

Le voisin qui venait d’ouvrir ses persiennes était sans doute ce beau cavalier Mora, qu’elle attendait