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vait été le signal de la séparation et la fin de la famille, heureuse dans sa médiocrité. Reynier était parti pour l’Italie. Elle-même, Irène, avait été placée dans la pension des Dames-de-la Croix.

En somme, tout cela composait ce qu’on appelle d’ordinaire un grand bienfait. C’était de l’argent donné, sans parler de l’aide puissante qui, à la même époque, lança tout à coup Vincent dans le monde des belles affaires et fit du pauvre maçon un architecte renommé.

Pourquoi donc avons-nous pu employer cette locution glacée ; « Pour Irène, le nom du colonel Bozzo n’était pas celui d’un inconnu ? »

C’est qu’Irène, étrangère au colonel, et n’ayant jamais été en rapport personnel qu’avec Francesca Corona, n’avait pu que recevoir les impressions de son père ; or, nous savons de quel genre particulier était la reconnaissance vouée au colonel par Vincent Carpentier.

Irène avait aimé de tout son cœur Francesca, sa véritable bienfaitrice, mais Francesca était morte. Elle gardait à la belle et malheureuse comtesse Corona un tendre souvenir ; pour la mémoire de ce vieillard dont son père parlait avec crainte, elle ne pouvait avoir qu’un vague et froid respect.

D’un autre côté, Vincent, tout en fréquentant ce monde où le colonel lui avait trouvé ses premiers clients, en avait éloigné sa fille de parti pris.