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seaux et coupa ce qu’il fallait de cette soie pour disposer une sorte de barbe autour des joues et sur la lèvre du portrait.

Quand cette besogne d’enfant fut achevée, elle ne souriait plus et son regard, une fois encore, se porta vers les maisons de Saint-Mandé.

Ses sourcils étaient froncés maintenant. Elle pensa tout haut :

— Serait-ce possible ! J’en ai eu soupçon… mais non, c’est impossible !

Elle n’en dit pas plus long parce qu’un mouvement qui se fit dans les feuillages ramena son regard à la partie du cimetière située sous sa fenêtre.

Une femme très élégamment vêtue et qu’on devinait belle sous l’épaisse dentelle de son voile, sortit tout à coup des massifs et s’approcha de la tombe isolée.

— Madame la comtesse ! murmura Irène avec étonnement.

Elle cacha en même temps sa tête blonde derrière les fleurs de la croisée.

La femme qui venait de se montrer dans le cimetière, Mme la comtesse, puisque tel était son titre, darda vers la fenêtre en retour, dont les persiennes étaient closes, la fenêtre du cavalier Mora, un regard furtif, mais tellement aigu qu’Irène devint toute pâle.