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La lettre continuait :

« Est-ce que tu ne l’aimes plus ? ou serait-ce lui ? T’aurait-il abandonnée depuis que tu es malheureuse ? »

Le front d’Irène se pencha sur sa poitrine.

— Lui ! fit-elle, tandis que son regard furtif allait encore une fois vers la maison de Saint-Mandé. Oh ! j’ai vu de mes yeux, j’en suis bien sûre, et si mon père savait ce que j’ai vu, il ne me condamnerait pas. J’ai vu… mais ai-je cru ?

Il y avait à gauche de la fenêtre une petite table supportant des cartons, des godets à couleurs et tout ce qu’il faut pour laver une aquarelle.

Irène se leva. Elle alla vers la table et ouvrit un carton qui contenait plusieurs ébauches, parmi lesquelles était un portrait du patron d’Échalot, le cavalier Mora frappant de ressemblance, mais embelli et rajeuni, parce que, peut-être, le peintre le voyait ainsi, à travers un prestige.

Irène contempla ce portrait avec une émotion douloureuse.

— Celui-là est tout pour moi, murmura-t-elle. Je lui ai avoué que mon père vivait, malgré l’ordre, malgré la prière de mon père. Si je savais le secret de mon père, ce secret dont il parle sans cesse comme de la blessure mortelle qui le tuera, je l’aurais confié peut-être à Julian. Ne m’a-t-il pas dit le