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qui se trouvait de niveau avec la chambre d’Irène gardait ses persiennes fermées.

Les grands yeux d’Irène interrogeaient fréquemment cette croisée.

Elle regardait aussi, mais moins souvent, du côté du cimetière voisin, dont la verdure sonore bruissait au vent du soir.

D’ordinaire, cette partie des bosquets longeant le chemin des Poiriers était déserte et silencieuse.

Irène ne voyait jamais personne visiter la tombe de marbre blanc, ornée d’une inscription en lettres d’or.

C’était pourtant vers cette tombe que son regard allait avec une certaine impatience et comme s’il eût interrogé le cadran d’une horloge marchant trop lentement au gré de son désir.

— Quand l’or des lettres mire le soleil, murmura-t-elle, c’est l’heure où il revient…

Il… qui ? Ce n’était certes pas le soleil.

Mais une teinte plus rosée monta aux joues de la jeune fille. Sur le poli des lettres, des étincelles allaient s’allumant.

— C’est singulier, pensa-t-elle encore, on dirait des pas et des voix sous le couvert. Depuis trois jours, j’entends ainsi marcher et parler dans ce lieu qui était toujours solitaire… Que m’importe cela !

Elle cessa de travailler. Machinalement, sa main