Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À cinq cents pas de l’endroit où passe maintenant le boulevard Mazas, montant vers la barrière du Trône, la maison d’éducation des Dames de la Croix abritait ses constructions monumentales derrière un grand vilain mur de prison qui ne laissait rien soupçonner de l’ancien palais ayant appartenu aux Malestroit de Bretagne, — les Riches-Marquis, comme on disait du temps où Louis XV était enfant, — ni des magnifiques jardins, mesurant plusieurs hectares en superficie, qui prolongeaient leurs bosquets séculaires jusqu’à la rue de Reuilly.

C’était assez la coutume autrefois. Le luxe avait sa pudeur, et rarement il se montrait tout nu.

De nos jours, il monte sur les bornes pour relever sa chemise.

Bien entendu que nous parlons au passé en faisant usage du mot luxe : les dames de la Croix n’avaient rien gardé des somptueux ameublements de l’hôtel de Malestroit.

Tout, chez elles, tournait à l’austère simplicité, sauf dans les circonstances exceptionnelles où la folie des feuillages, des guirlandes et des tentures met à l’envers la cervelle des plus graves maîtresses de pensions.

Une de ces circonstances approchait : on était à la veille de la distribution des prix. La cour, déjà entourée de gradins, comme un amphithéâtre, était en train de recevoir son velum et on habillait de calicot