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Sa main se baignait dans les cheveux touffus de Reynier, qui baissait la tête comme un coupable.

— Couche-toi, reprit Vincent. Les choses vont changer. C’est moi seul qui dois donner le bien-être à ma maison. Toi, je ne sais pas où tu monteras, quand je vais te procurer les moyens d’apprendre. Peut-être que tu deviendras célèbre.

— Est-ce qu’il faudra vous quitter, père ? demanda Reynier.

Au lieu de répondre, Vincent Carpentier murmura :

— Il y a des souvenirs d’enfance qui dorment et qu’un mot fait renaître. Tu ne connais rien de ta famille, mais tu m’as dit une fois qu’au fond, tout au fond de ta mémoire, il y avait l’image confuse d’un riche salon, où s’asseyaient, devant une grande cheminée pleine de feu, un vieillard grelottant et une belle dame en deuil. Le nom du colonel Bozzo-Corona n’éveille-t-il rien en toi ? Je dis : Bozzo-Corona.

Vincent répéta ces cinq syllabes avec le pur accent d’Italie.

Un instant Reynier parut se recueillir, puis il répondit :

— Ce nom n’éveille rien en moi, mon père.