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plus faire de mal, pas vrai, Fanchette ? J’ai bien des choses à te dire. Je leur ai promis à chacun ma succession, mais c’est toi qui l’auras. Je n’aime que toi. Je te confierai le secret de la Merci, je mettrai le Scapulaire à ton cou, — le scapulaire que je portais quand mon nom faisait trembler l’Apennin… mon nom de Fra-Diavolo ! Et je te donnerai la clé du Trésor — lac de richesses sans fond où il y a assez d’or pour payer la conscience du genre humain tout entier !

— Qu’ai-je besoin de tout cela ? murmura Francesca ; si vous n’êtes plus là, ils me tueront.

— C’est toi qui les tueras, si tu veux. Dans notre poète de Ferrare, le divin Arioste, il y a un chevalier qui renverse tout avec une lance d’or. Tu auras la lance d’or… Mais écoute, les heures passent comme des minutes à l’approche de la mort. Il faut que tu gagnes l’héritage en exécutant mes ordres. Veux-tu m’obéir ?

Francesca répondit :

— Je vous ai toujours obéi, mon père.

— C’est vrai ! mais les autres… Ah ! les autres… ils m’entourent comme les chacals et les corbeaux rôdent autour de l’agonie des lions. Je suis content de mourir. La mort est un refuge. Ils m’auraient assassiné !

Un frisson de terreur qui, certes, n’était pas joué, secoua ses membres sous la couverture. Il ajouta :