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— Il n’est plus temps. C’était une idée absurde.

La carabine fut placée de nouveau dans l’armoire et Vincent se rapprocha du guéridon.

— Ah ! ah ! fit-il en voyant la tasse vide, tu as mangé mon potage, toi, César ?

Et il se baissa pour caresser le chien.

César qui, comme ceux de sa race, était d’ordinaire aussi doux que beau, loin de relever la tête amicalement à cette marque de clémence, poussa un grondement sourd.

— Bon ! reprit Vincent, tu te fâches par-dessus le marché !…

Ce fut tout. Sa pensée soucieuse le tourmentait de nouveau.

Au lieu de s’asseoir à table, devant les autres plats de son déjeuner qui restaient intacts, il se prit à arpenter la chambre.

En passant devant la glace, il se regarda et s’arrêta court.

Il était si changé depuis vingt-quatre heures, qu’il avait peine à se reconnaître lui-même.

— C’est ma barbe longue, murmura-t-il, en essayant de sourire. Je n’ai plus faim. Je vais me raser, pour n’avoir plus cette figure de déterré.

Il ferma la fenêtre par laquelle il avait regardé tout à l’heure la maison en construction et y suspendit un petit miroir à barbe.