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pentier, seul possesseur du secret. Il suivait pas à pas ses démarches.

Plus d’une fois il avait eu la pensée de se faire son complice apparent pour lui escamoter le secret avant de l’assassiner.

Dans ce but, il s’était insinué auprès de cette enthousiaste et charmante créature, Irène Carpentier, élève des dames de la Croix.

Par la fille il avait espéré prendre le père.

Puis, jeune qu’il était en définitive, ardent sous son asque glacial et corrompu jusque dans la moelle de ses os corses, il avait été séduit par le charme exquis, par l’admirable beauté de l’enfant.

Ils sont poètes, quand ils veulent, ces gens d’Italie. La mère Marie-de-Grâce vit du premier abord qu’on ne pouvait attaquer en face la noble pureté de cette jeune fille, un peu abandonnée par son père, mal défendue par une affection enfantine qui tardait à se transformer en amour, mais gardée par elle-même et cuirassée par la solide et fière honnêteté de sa nature.

La mère Marie-de-Grâce n’eut peur ni du père, ni du fiancé qu’on aimait comme un frère ; mais elle recula devant Irène elle-même dont les grands yeux si doux rayonnaient, à de certaines heures, une indomptable énergie.

Elle la prit par la poésie, toujours si puissante sur les âmes élevées. Elle l’enveloppa en quelque sorte