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sistait et même grandissait, côte à côte avec la certitude.

C’était l’impossible, affirmé par le témoignage des sens, mais nié par la raison en révolte.

Le carreau, sous lui était mouillé, parce que les chevilles de ses pieds et de ses poignets saignaient. Il n’en savait rien.

Il vivait en dehors de lui-même et la pensée de l’or le pénétrait comme une autre âme.

Le vieillard semblait jouir de ce spectacle et pensait tout haut :

— C’est le magnétisme, c’est la sorcellerie de l’or !

— Sais-tu que tu étais un beau mâle ? ajouta-t-il, parlant déjà au passé comme s’il eût été en face d’un défunt. Quel âge as-tu ? Je te guettais. Quand j’ai vu que tu n’aimais ni les jeux, ni la table, ni les femmes, je me suis dit tout de suite ; il se souvient ! Or, je t’avais commandé d’oublier : tu m’as désobéi !

— Pour combien de millions y a-t-il de diamants ? balbutia Vincent.

Le vieux se mit à rire et haussa les épaules.

— Tu vas voir ! prononça-t-il d’une voix que l’émotion gagnait, à quoi bon compter les gouttes d’eau que l’Océan laisse sur le sable des grèves ? Ce n’est rien. Tu vas voir !

Il s’arrêta pour prêter l’oreille et un nuage passa sur son front.

— Ce sont des bruits qui n’existent pas et que je