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siette, tu racontes comme un ange. Quelle heure est-il ?

— Et bien heureux encore de l’avoir rencontré, ce Reynier ! continua Fanchette avec l’impétueuse obstination des enfants à qui ou veut enlever la parole. Tu crois toujours tout savoir, père, et c’est ce qui te trompe. Reynier n’est pas une charge maintenant, Reynier garde la maison, Reynier fait le ménage, il apprend à lire et à écrire à ma petite Irène. Tiens ! regarde ! M. Vincent a les larmes aux yeux, et tout à l’heure il me disait : cet enfant-là est la bénédiction de Dieu dans ma maison. Sans lui, qui garderait ma chérie ? Je n’ai aucune inquiétude tant qu’il est près d’elle. C’est un homme pour la force et surtout pour le courage. Pour les soins, pour la tendresse, c’est une femme. Il me semble que je laisse ma petite Irène avec une sœur aimée. Il a dit mieux que cela ! n’est-ce pas, monsieur Vincent, vous avez dit : « Il me semble que je la laisse avec sa mère ! »

Vincent tourna vers elle un regard reconnaissant, mais il dit :

— C’est trop parler de moi et de mes affaires, mademoiselle.

— Du tout, du tout, fit le colonel, ça m’amuse. Fanchette est la maîtresse ici, pas vrai, trésor ? Elle s’assoirait sur la tête du bon papa-gâteau, si elle vou-