Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blement, à fin de quoi du tabac serait nécessaire, patron.

— Prends dans le pot, dit Reynier sans se retourner.

Similor, obéissant, alla au pot, où il emplit sa pipe d’abord, puis le gousset de son gilet, malgré le regard désapprobateur qu’Échalot, plus moral, jetait sur lui.

— Censé, dit-il en frottant une allumette, y a des artistes qu’aiment la conversation du modèle, d’autres pas. On s’y conforme, Échalot, et moi, pour plaire à la pratique, ayant perdu réciproquement des positions avantageuses, et réduits à l’obligation de travailler pour vivre, après l’aisance.

Il s’exprimait ainsi d’un ton noble. Échalot l’écoutait sans cacher son admiration.

— Pas besoin qu’Amédée en dégoise bien long, murmura-t-il, pour que ça saute aux yeux des connaisseurs qu’il a eu l’éducation première.

— Et alors, demanda le jeune peintre en riant, car il n’était pas encore blasé sur les balivernes de l’atelier parisien, vous avez occupé des positions ?

— Échalot dans la pharmacie, répondit Similor, moi dans les théâtres et institutions, pour la danse des salons, l’escrime, la gymnastique, tenue et autres, diplômé partout, honneur et patrie !

— Dans lesquels il fait preuve indifféremment de la même facilité, murmura Échalot.