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— Un peu plus de cinq ans, répondit M. de Sampierre.

Et il acheva :

— Puisque l’enfant avait alors quinze ans et qu’il a vingt ans maintenant…

Il jeta le pinceau qu’il tenait à la main et bâilla.

— Vous m’apprenez là des choses très-graves ! murmura le comte.

M. de Sampierre se retourna lentement et demanda d’un ton chagrin :

— Depuis quand me fait-on subir des interrogatoires ? Cette aventure ne regarde que moi, d’abord ; ensuite, elle ne signifie rien. Allez dire à madame la marquise que j’ai toute ma raison et que je sollicite l’honneur de lui porter mon hommage.

Pernola s’inclina respectueusement et fit un pas pour obéir ; mais c’était une feinte.

Il avait le parti bien pris de ne point abandonner la place avant d’en être venu à ses fins. En arrivant au seuil, il s’arrêta.

— Mon habitude est de vous obéir quand même, mon noble parent, dit-il, mais l’entrevue que vous aurez aujourd’hui (et il faut que vous l’ayez) avec ma respectée cousine Domenica est d’une telle importance pour vous deux que je vous demande en grâce de m’accorder encore un instant.

— N’avez-vous pas eu tout le temps de me parler ! s’écria le marquis, pris d’une puérile colère. J’ai assez de vos bavardages. Qu’y a-t-il encore ? Que me voulez-vous ? Dites vite !