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En outre le sol des bosquets parisiens a un aspect particulier auquel on ne peut se méprendre.

Mais à part ces symptômes, le fourré factice, ménagé derrière le pavillon Roland, était parfaitement réussi, et sous les grands vieux arbres on était même parvenu à faire pousser une sorte de sous-bois où de rares allées couraient en tortueux méandres.

C’était un lieu désert : d’abord parce que les forêts vierges de la vieille ville sont humides, étouffées et tout particulièrement propices à la multiplication pullulante des araignées, ensuite parce que, surtout depuis le décès du jeune comte Roland, le pavillon et ses abords emportaient une idée de deuil.

Parmi les gens de l’hôtel de Sampierre, les mœurs étaient joyeusement faciles. Les deux sexes, voués à un loisir éternel, cherchaient ensemble soir et matin ces douces fleurs qui naissent dans le sentier de l’amour, et au beau milieu de notre siècle de fer, les jardins de la bonne marquise se montraient hospitaliers comme ceux d’Alcine ou d’Armide, mais il y avait de la place ailleurs et les rendez-vous entre frontins et soubrettes fuyaient volontiers ce coin sombre dont le silence parlait de mort.

Aujourd’hui, un autre motif encore devait faire la solitude autour de l’entrevue des deux cousins puisque Zonza et Lorenzin avaient transmis à l’office l’ordre exprès d’éviter les abords du pavillon.

Aussi le comte Pernola, après avoir prêté l’oreille attentivement et en vain, pensa-t-il que le bruit entendu n’avait rien de suspect. Il songea aux deux paires de