Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. de Sampierre n’entendait pas ; il continuait, sans tenir compte du geste de Pernola :

— Vingt fois, cent fois peut-être, cette figure a été ainsi effacée, puis refaite. J’ai essayé de la peindre différente d’elle-même et je n’ai pas pu. Mon pinceau repasse malgré moi par les mêmes lignes, elle revient spontanément en quelque sorte. Je la vois surgir et son regard m’entre jusque dans le cœur !

Pernola essaya de sourire.

M. de Sampierre avait involontairement baissé la voix, et tout son corps frissonnait.

— C’est singulier, dit Pernola, mais ce n’est peut-être pas inexplicable. Avez-vous jamais rencontré quelqu’un dont le visage ressemblât à cette figure ?

— Jamais.

— C’est donc vous qui l’aviez imaginée ?

M. de Sampierre hésita, puis il répondit si bas que Giambattista eut peine à l’entendre :

— Non, ce n’est pas moi.