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Ce disant, il acheva de fermer la dernière persienne, salua profondément, et se dirigea vers la porte.

— Où vas-tu, bambino ? demanda M. de Sampierre.

— J’obéis comme toujours, répondit Pernola ; vous m’avez ordonné de me retirer, je me retire.

— Reste. Tu es une bonne âme. Je me souviens que tu avais les larmes aux yeux quand tu me montras ces pas dans la neige… Te souviens-tu, toi ?

— Au nom du ciel, balbutia le comte, vous savez bien que je n’ai eu par moi-même ni haines ni amours. J’ai été heureux à travers vous et j’ai souffert de même par le contre-coup de vos douleurs. Ne me parlez pas de cette chose horrible ! Je vois toujours ce tapis blanc comme un suaire sous la gerbe des rayons qui jaillissaient de la fête…

— Une belle fête ! fit observer le marquis froidement, mais qui finit mal.

— Et la longue trace des pas, qui allait à perte de vue…

— L’homme est mort, murmura M. de Sampierre. J’ai bien souvent essayé de peindre son portrait de mémoire : je n’ai pas pu… Avant de vous retirer, Giambattista, installez Domenico sur le chevalet et préparez ce qu’il faut, je vais travailler.

« Domenico » c’était le portrait qui avait un nuage pour figure.

Pernola chercha aussitôt parmi les objets déballés la boite à couleurs de son noble cousin ; il approcha ensuite et développa un chevalet. M. de Sampierre restait debout,