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son visage. Il était extrêmement pâle, mais son regard avait une expression de triomphe enfantin.

— C’est vrai, vous m’aviez cru fou, vous aussi, Giambattista ! murmura-t-il.

Toute sa grande émotion semblait avoir disparu d’un seul temps.

— Le mot n’est pas bien choisi, repartit Pernola. Jamais je ne vous ai cru fou, mais il m’a semblé parfois que votre belle intelligence fléchissait sous les coups du malheur. Vous avez été frappé cruellement par ceux dont le devoir était de vous protéger et de vous aimer.

— Qui donc aurait eu le droit de me protéger ? demanda le marquis dont la haute taille se redressa. Et pourquoi dites-vous que celle dont le devoir était de m’aimer ne m’aimait pas ?

— Je m’exprime de plus en plus mal, fit Pernola avec un redoublement d’humilité. Je suis ému, je l’avoue, par l’importance de l’explication qui va avoir lieu entre nous.

M.  de Sampierre le repoussa froidement et prit de lui-même un siège où il s’assit droit et roide, sans s’appuyer au dossier.

— Il n’y aura pas d’explication entre nous, prononça-t-il d’un ton péremptoire. Je vous défends, et cela sous peine d’être chassé comme un valet, de mal parler de Domenica Paléologue devant moi !

Giambattista courba la tête. Il resta un instant immobile, puis, se détournant brusquement, il porta son mouchoir à ses yeux.

Il y avait en lui de la femme et beaucoup. Tous ces