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personnages de cette tragédie muette et lente qui allait être la fin de deux grandes races : Sampierre et Paléologue.

— Voulez-vous regarder ce que je vous montre, Giammaria, mon cousin ? demanda le Pernola après avoir attendu assez longtemps sous le portrait découvert.

— Non, répondit le marquis dont la voix chevrotait : remettez le voile.

Pernola, pour la première fois de sa vie, désobéit ouvertement à un ordre de celui qu’il appelait son maître.

— Vous êtes ici chez vous, monsieur de Sampierre, dit-il en donnant à sa voix des inflexions solennelles, et vous avez auprès de vous le seul homme qui vous soit resté fidèle partout et toujours. Doutez-vous de mon dévouement absolu ?

— Non, répondit encore le marquis, mais il y a des choses que je voudrais oublier : remettez le voile !

Ses deux mains tremblantes restaient sur ses yeux comme un bandeau. Ses jambes fléchissaient sous le poids de son corps.

Pernola se rapprocha de lui et le soutint un instant dans ses bras.

— Pardonnez-moi, mon noble cousin, dit-il avec une tendresse respectueuse. Ceci était une épreuve. Je voulais me convaincre de la parfaite lucidité de votre esprit. Désormais, je ne conserve aucun doute.

Les mains de M. de Sampierre glissèrent le long de