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tant la démence suintait à travers ce front de pierre. Un peintre rompu aux secrets de son art, un peintre de génie n’aurait pu indiquer plus terriblement la mortelle maladie de la pensée.

Nous avons vu autrefois M. le marquis de Sampierre tel qu’il était représenté ici quand il quitta son appartement de l’hôtel Paléologue, au coup de deux heures après midi, le 23 mai 1847, pour se rendre dans la chambre de sa femme en couches.

Nous le suivîmes alors, marchant le long des corridors de l’hôtel Paléologue, depuis son cabinet encombré de science poudreuse jusqu’à l’appartement de Domenica.

Et quoique son dessein fût pour nous un mystère, cet homme de glace, aux yeux mornes mais ardents, qui allait comme marchent les somnambules, tenant de l’acier aiguisé dans une main, dans l’autre un chronomètre, nous faisait vaguement terreur.

Le portrait nous remettait aujourd’hui en face de l’homme d’alors et ressuscitait pour nous l’impression, mais plus redoutable que jadis.

Tout y était : le costume de gala rigoureusement correct, les cheveux noirs disposés selon l’art des coiffeurs, le scalpel tout neuf dans la main droite ; dans la gauche, la montre qui indiquait, non pas la deuxième, mais la sixième heure, l’heure du « jugement de Dieu ».

C’était une sinistre histoire brutalement racontée qui tenait dans ce cadre et qui faisait pendant à la sinistre énigme posée par l’autre portrait sans visage.

Ensemble, les quatre toiles mettaient en présence les