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sis dans le cadre avec la sûreté de main d’un artisan consommé :

— Certes, il n’y avait pas crime, ni même faute de ma part. Je sais cela mieux que vous. J’avais dit à Dieu d’être juge, et Dieu avait rendu son arrêt. Mais la justice humaine n’entend pas de cette oreille-là… Accrochez !

Pernola remonta sur la chaise, et le cadre, muni de son châssis, pendit à la muraille, en face du portrait de Domenica.

C’était aussi un portrait ou plutôt un morceau de portrait : quelque chose de baroque et qui parlait énergiquement de folie.

Il y avait une poitrine, en buste, qui ressemblait ligne pour ligne au buste du jeune comte Roland.

C’était la même taille et le même costume.

Seulement, une brusque solution de continuité existait à l’endroit où la cravate aurait dû se nouer, et sur la blancheur de la chemise on voyait des traces de sang.

Il y avait en outre le haut d’un front tout jeune, couronné de cheveux abondants.

Entre ceci et cela, rien, — ou plutôt un large effacement qui mangeait le cou et la totalité du visage.

C’était donc un portrait sans visage.

Une chose bizarre et lugubre.

— Relevez un peu à gauche, dit M. de Sampierre qui s’était éloigné pour juger de l’aplomb. Encore !… C’est bien. Descendez.

Il appela du doigt Giambattista.