Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même et recouvre les belles facultés de son esprit… »

— Aidez-moi, cousin, interrompit le fou dont le sourire devenait de plus en plus triste.

Il montra du doigt le cadre vide. Giambattista comprit, car il monta aussitôt sur une chaise pour décrocher le cadre. Pendant qu’il travaillait, le marquis demanda :

— Vous avez donc cru comme les autres que j’avais perdu la raison ?

— Jamais !… j’ai pensé que l’excès du travail et de la souffrance…

— Battista, mon ami, interrompit encore le marquis, convenez que j’ai bien joué mon jeu !

Il y avait maintenant une vanité enfantine dans la mélancolie de son sourire.

Il ajouta quand Pernola eut posé le cadre sur la table :

— Ma prétendue folie est plus précieuse pour moi que toutes les richesses de la terre, Battista !

Pour la seconde fois, son doigt fit un signe de commandement en montrant l’alcôve.

Giambattista, obéissant de nouveau, passa sous les draperies et revint, portant le châssis enveloppé.

M.  de Sampierre le lui prit des mains et enleva lui-même le fourreau de lustrine en disant avec le plus grand calme :

— Sans ma folie, il y a longtemps qu’on m’aurait coupé le cou !

Giambattista voulut protester, mais M.  de Sampierre lui imposa silence et continua tout en plaçant le châs-