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— Allez, Sismonde, dit Pernola. Notre maître n’a plus besoin de vous.

Le valet se retira sur-le-champ.

Quand Giammaria sortit de l’alcôve, il regarda tout autour de lui.

— Pourquoi Sismonde s’est-il éloigné ? demanda-t-il.

— Parce que, répondit Pernola, j’ai désiré la faveur d’un entretien particulier avec mon noble parent, mon unique ami, mon cher bienfaiteur.

— Oui, pensa tout haut le marquis, je crois que vous n’aimez bien, Giambattista. Voilà plus de vingt-cinq ans que vous me le dites. Mon fils Roland ne m’aimait pas : il tenait en cela de sa mère. Pourquoi êtes-vous venu me chercher là-bas ?

Pernola lui prit les deux mains, et dit d’un ton pénétré :

— Je n’ai jamais cessé d’avoir de vos nouvelles. Jour par jour, j’étais informé de l’état exact de votre santé. Je guettais avec ardeur, avec passion le moment si longtemps souhaité où je pourrais vous ramener en triomphe dans votre maison…

— En triomphe ! répéta le fou, qui eut un amer sourire.

— Et aussi dans votre richesse, continua Pernola d’une voix ferme, et encore et surtout dans votre autorité. La miséricorde infinie de Dieu a exaucé ma prière. Au moment précis où votre présence devenait indispensable pour déjouer de perfides complots, j’ai reçu une lettre de notre savant docteur, qui me disait : « Le nuage se déchire ; le marquis Giammaria redevient lui-