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lumière y entrait crûment et frappait les boiseries peintes à neuf de couleur claire. La glace, frais-dorée, regardait, au-dessus de la cheminée en marbre blanc, les draperies gris-perle de l’alcôve, flanquée de deux portes, drapées de même et dont chacune faisait vis-à-vis à une bibliothèque en bois d’érable incrusté de minces filets d’ébène.

Une de ces portes, celle de gauche, était simulée pour la symétrie et recouvrait le mur plein.

Les sièges, également en érable, et dont la tournure accusait l’origine danubienne, étaient recouverts de lampas gris clair, pareil aux rideaux des fenêtres, qui tombaient en plis corrects et revus par le tapissier sur des doubles de mousseline richement brodée.

Entre les bibliothèques, et la glace, deux portraits en buste de grandeur naturelle pendaient : à droite, celui de la marquise Domenica, à gauche celui d’un jeune homme aux traits réguliers et à l’aspect maladif.

Entre l’alcôve et les deux portes, il y avait également deux cadres dont l’un était vide et dont l’autre restait voilé par un carré de soie noire.

Le cadre vide avait aussi son rideau de soie noire, mais qui était, pour le moment, relevé.

Les deux portraits voisins de la cheminée, exécutés par une main novice et même maladroite, avaient néanmoins ce cachet qui fait dire à ceux qui ne connaissent pas le modèle : Ce doit être ressemblant.

Et en effet, bon juge que nous sommes, au moins en ce qui concerne la princesse-marquise, nous pouvons dire qu’il était impossible de ne la point reconnaître.