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— Ça se dit partout, murmura Coralie, qui ne riait plus. Et la seconde fois qu’on a vu le pauvre jeune homme ?

— C’est Sébaste, mon autre clerc, répartit le concierge, et c’était dans la soirée d’hier. Je l’avais envoyé prendre de l’eau fraîche à la glacière. Il me rapporta la cruche cassée, disant : « Dieu ait pitié de nous, le défunt comte Roland se promène là-bas avec princesse Charlotte !… »

Au moment où ce dernier mot était prononcé, les deux serviteurs italiens du comte Pernola firent leur entrée dans la salle d’office, et demandèrent à déjeuner d’un ton d’importance qu’on ne leur connaissait point.

D’ordinaire, ils agissaient discrètement et même humblement avec les gens de la marquise Domenica ; et vu la position douteuse de Pernola, leur maître, ils étaient traités un peu comme les domestiques d’un domestique.

Aujourd’hui, ils tapèrent sur la table comme font les casseurs d’assiettes au cabaret, et quelqu’un leur ayant fait observer qu’ils étaient en retard, Zonza dit :

— Si nous sommes en retard, vous autres, vous ferez bien de vous mettre en avance. Ceux qui resteront les bras croisés aujourd’hui auront à causer avec mon maître !

— Vous saurez, ajouta Lorenzin crânement, qu’il y a défense expresse d’approcher du pavillon. Ceux qui manqueront à la consigne seront mis dehors et lestement !

— Quel ton vous prenez ! s’écria Coralie indignée.