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— Eh bien ! poursuivit le concierge, il y en a qui l’ont revu…

— Qui ça ? le jeune comte Roland ? le défunt ?

— Et princesse Carlotta ne le pleure plus, acheva Szegelyi dont la voix était presque un murmure.

— Et qui donc a vu le revenant ? demanda la soubrette, est-ce vous, papa Szegelyi ?

Le concierge eut un frisson.

— Non pas, fit-il, que Dieu m’en garde ! Le jeune comte était un digne chrétien, et j’ai porté son deuil fidèlement, ma fille.

— Mais, alors, qui l’a vu ?

— Mes deux clercs.

— Tous les deux ?

— Malheureusement, oui.

— Ensemble ?

— Non, et ce n’en est que plus frappant. Yan, mon filleul, malgré sa jeunesse, rôde du côté de la cité Donon pour une fillette. Il n’y a plus d’enfants ! La nuit où l’homme fut assassiné au saut de loup, Yan revint tout malade de peur. Il avait vu le comte Roland de Sampierre encore plus pâle que le jour de sa mort et qui marchait justement le long du saut de loup, soutenu par Joseph Chaix…

On se regarda autour de la table.

— Je ne suis pas superstitieux, reprit le concierge après un silence, mais nous sommes ici assez de gens de Roumanie pour qu’on puisse parler comme chez nous ; et chez nous on dit que ceux qui reviennent ne sont pas morts de leur décès naturel.