quise. Quand je lui ai eu dit : « Absente, » il a demandé princesse Charlotte. — « Encore absente. » Pour lors, il a tiré son portefeuille, et j’ai cru qu’il allait me donner sa carte, — ou peut-être la pièce.
Mais, à ce moment, est arrivée la seconde personne ; j’entends la seconde qui venait pour M. le marquis.
Celle-là, vous la connaissez bien, et dame Savta aussi, et aussi princesse Charlotte, qui lui fait censément la charité : c’est la vieille aveugle du trou Donon…
— La Tartare ? interrompit Mlle Coralie.
— Juste ! La belle-maman de ce pâlot de Joseph Chaix, qui fait maintenant les commissions de princesse Charlotte, et peut-être autre chose. Jamais elle ne s’était montrée du côté de la grande porte. Elle a dit en entrant, et j’ai reconnu tout de suite l’accent de Giurgevo : « Je veux voir Giammaria de Sampierre. » Vous savez, chez nous, on appelle les gens par leur nom de baptême, surtout les princes.
L’autre s’est retourné, j’entends l’Américain. Vous avais-je dit que c’était un Américain ? Il a regardé l’aveugle et il n’a plus pensé à moi.
Il paraissait fouiller tout au fond de sa mémoire, et il a prononcé tout bas le nom de Phatmi : un nom de chez nous, un nom de Tzigane.
L’aveugle a dressé l’oreille. Ses yeux se sont tournés vers l’Américain comme si elle avait eu la puissance de voir. Elle a marché sur lui. De sa main gauche elle lui a pris le bras, de sa main droite elle lui a palpé rapidement le visage, puis elle a murmuré :
— Tréglave !