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au début de notre drame : l’accouchement de Domenica à l’hôtel Paléologue était surabondamment connue. On s’en moquait parmi cette valetaille repue qui encombrait la maison de Sampierre. Tous les marauds et toutes les maraudes qui mangeaient le pain de la marquise étaient blasés à force de rire sur cette aventure où il y avait de la honte et du sang.

La Fontaine l’a dit, résumant d’un seul mot l’histoire de l’humanité : Notre ennemi, c’est notre maître. Il n’est même pas besoin de descendre jusque dans les lâches profondeurs des antichambres pour trouver cette joie féroce que provoque, à coup sûr, la souffrance du pouvoir ou l’angoisse de la richesse.

Un million qui pleure, c’est le plus consolant de tous les spectacles après une grandeur qui tombe !

Lorenzin et Zonza, pour la besogne qu’ils accomplissaient dans le pavillon, n’avaient appelé à leur aide aucun des ouvriers employés à l’hôtel. Leurs places restaient vides à la table du déjeuner, quoi qu’on fût au dessert. Et Dieu sait qu’il y avait loin de la première bouchée jusqu’au dessert, dans la salle d’office où les gens de l’hôtel de Sampierre prenaient leurs plantureuses et interminables réfections.

On avait parlé un peu du meurtre commis, la semaine précédente, au saut de loup, dans le trou Donon, et qui était déjà une vieille histoire, un peu du voyage de Pernola, un peu des absences fréquentes de princesse Charlotte et un peu de ce Joseph Chaix qui semblait, depuis plusieurs jours, accomplir auprès de Mlle d’Aleix un mystérieux emploi.