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les deux valets du comte Pernola, italiens tous les deux, dont l’un s’appelait Lorenzin et l’autre Zonza, s’étaient introduits dans le pavillon solitaire, situé dans la partie la plus ombreuse et la plus reculée du parc, et dont la fenêtre du père Preux apercevait la façade, à travers les feuillées.

C’était dans ce pavillon que le jeune comte Roland avait fait sa demeure pendant les derniers mois de sa vie. Il y était mort. Personne n’y entrait jamais, sauf Pernola lui-même. Une lueur avait été souvent aperçue cependant aux croisées qui donnaient vers le trou Donon, dans les nuits d’hiver.

On disait alors que le maître déchu de l’hôtel de Sampierre et de tant de richesses, le marquis Giammaria (dont pas un serviteur de la marquise n’avait vu le visage depuis des années) avait obtenu par son calme et sa bonne conduite, la permission de passer quelques jours hors de la maison de santé qui lui servait de prison.

Et, dans ces circonstances, une clôture en treillages de fer qui enserrait la partie la plus retirée du parc sous prétexte de garder deux paires de gazelles que la fameuse expédition, sous les ordres du vicomte de Mœris, avait rapportées d’Amérique, fermait ses portes avec un soin scrupuleux.

Ordre était donné, en outre, aux gens de service de ne point s’approcher du pavillon.

M.  de Sampierre était fou. Nul ne mettait en doute sa folie. De plus, on peut dire que nul ne s’intéressait à cela.

La légende de cette nuit terrible que nous racontâmes