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— Celui-là, au moins, n’est pas un imbécile. Il fait danser quelque chose de meilleur que l’anse du panier, et chaque fois qu’on lui vole vingt francs, il marque vingt louis sur son carnet de coulage. Ça lui servira plus tard pour faire interdire la vieille comme il a fait interdire le vieux. Il a son idée.

La « vieille, » c’était notre ancien rêve d’Orient, la pauvre princesse marquise.

Nous savons que Domenica était absente depuis l’heure de la messe. On avait vu sortir un peu après elle la princesse Charlotte avec son « attendante » Savta, et le comte Pernola n’avait pas paru de la matinée.

Personne au monde ne surveillait le bataillon des ouvriers tapissiers qui tenaient les salons en état par abonnement ; les gens de la marquise ne faisant jamais œuvre de leurs dix doigts.

Nous n’avons pas oublié que, le soir même de ce jour, il y avait grand bal à l’hôtel de Sampierre : bal travesti, malgré la saison.

Cette pauvre bonne Domenica était si triste ! Et il fallait bien amuser un peu princesse Carlotta.

D’ordinaire, le précieux Pernola donnait le coup d’œil du factotum aux apprêts nécessités par chaque fête, mais aujourd’hui, nous devons penser que des occupations plus importantes le retenaient loin du logis, car il avait fait atteler, la veille au soir, la berline de famille, et ses deux valets particuliers qu’il laissait derrière lui n’avaient point su dire le but de son voyage.

Ajoutons que, depuis le matin, à la première heure,