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Il salua, et son geste persuasif rassembla toutes les personnes présentes en un seul groupe.

Il y avait de la tristesse sur ses traits, bien qu’il gardât un petit grain de goguenarderie, bureaucratique et parisienne à un degré qui ne se peut rendre.

— Pardon de vous déranger, dit-il je ne suis pas un homme du monde. Il y a eu dans les bosquets, là-bas, plus de dégâts encore que je ne l’avais craint. C’est tout uniment épouvantable. Il faut faire quelque chose.

M. Morfil parcourut de l’œil l’assistance et choisit la marquise pour arrêter sur elle un regard à la fois courtois et plein d’autorité en répétant son dernier mot :

— Quelque chose : c’est nécessaire… absolument !

Puis il continua :

— Le jeune scélérat est en sûreté, mais on ne peut improviser des mesures pour tant de victimes. En bas, la fête va toujours. Il y court des bruits, mais on ne sait rien de positif. Il faut occuper la fête et lui donner une fin : vous allez comprendre… On désire que la famille descende et présente le nouvel héritier… sans apparat, mais enfin un peu officiellement, ce qui expliquera ou paraîtra expliquer bien des émotions.

Domenica rougit, mais ne protesta pas. Il n’y eut que le marquis à parler.

— Qui vous a donné cet ordre ? demanda-t-il.

M. Morfil salua de nouveau.

— Il va vingt ans, répondit-il, j’ai déjà enterré une cause célèbre qui aurait porté votre nom, monsieur de Sampierre. J’ai eu du mal. Le règne de Louis-Philippe