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— Celui qui a parlé trois fois, répéta Phatmi avec un douloureux effort, est mon fils à moi, mon fils Yanuz qui a tué son père et qui va tuer sa mère avant d’aller à l’échafaud. Dieu nous a punis, Petraki et moi, parce que nous avions fait à sa gorge cette marque qui devait le rendre riche.

Elle se tut. Il y eut un murmure parmi les membres du conseil.

Mylord dit en montrant Édouard de son doigt qui ne tremblait pas :

— C’est celui-là qui est Yanuz ! Cette femme s’est trahie : elle veut faire la fortune de son fils !

— Phatmi dit vrai ! s’écria la marquise qui jeta ses bras autour du cou d’Édouard : Voilà mon Domenico bien-aimé ! je le sais, je le sens !… je le veux !

L’aveugle fit le tour de la civière et marcha sur Mylord qui se mit à pâlir.

L’écume lui venait aux lèvres, il murmura :

— On ne tue jamais assez…

Tout à coup, quelque chose brilla dans sa main. Il saisit le portefeuille qui restait sur la table du conseil et sauta par-dessus le brancard en brandissant un couteau.

Il frappa. Édouard tomba, mais Charlotte, plus prompte que l’éclair, avait détourné l’arme.

Du second bond, Mylord, renversant Joseph et Chopé qui lui barraient le passage, atteignit la porte.

— J’ai les millions ! dit-il en franchissant le seuil. Bonsoir, mes parents !

Mais on le vit reculer en poussant un cri de rage.