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Il divisa les morts en deux camps. Laure de Vaudré, capitaine Blunt, qu’il appelait toujours de son nom de Tréglave et lui, Mylord, étaient là pour sauvegarder la vie du marquis, condamné à périr. L’autre camp était composé des scélérats à gages, armés par Pernola, Édouard et Mlle d’Aleix, qu’il représentait comme associés ensemble tous les trois.

Charlotte avait embauché les serviteurs même de la marquise : entre autres Mœris et Moffray, qui avaient payé cette trahison de leur vie.

Ce matin même princesse Charlotte avait rendu visite à François Preux, surnommé le Poussah, banquier de la criminelle association : on pouvait interroger dame Savta…

Mylord acheva ainsi :

— J’ai frappé, je ne m’en cache pas. Je n’ai pas même pris la peine de réparer le désordre du combat et mes mains sont encore rouges : voyez ! Ceux que j’ai frappés en voulaient à la vie de mon père. M. le marquis a dit vrai, je viens d’Amérique, de cette partie de l’Amérique, où chacun met son droit sous la protection de son bras. Maintenant, je ne frapperai plus : j’ai mon bien, mon nom et mon père !

Il alla vers le marquis, dont il ouvrit lui-même le sac de voyage, il prit le portefeuille de Pernola et le tendit au patriarche, en ajoutant :

— Prince archevêque, voilà mon dernier mot : ceci était le prix du sang de mon père. Un beau prix, vous pouvez voir. Comptez combien de millions !

Le portefeuille passa de main en main. Chacun sup-