Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/446

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le patriarche Ghika lui dit répétant les propres paroles adressées à Édouard :

— Domenico de Sampierre ou prétendu tel, exposez vos moyens, le conseil vous écoute.

Mylord salua.

— Moi aussi, j’ai un témoin, dit-il, mais on ne l’appellera pas en vain. Ma mère, envoyez, je vous prie, dans la pauvre cité qui confine au mur de votre parc. Il y a une femme aveugle qui demeure juste en face de votre porte. Vous la nommiez autrefois Phatmi…

— Phatmi ! répéta Domenica.

— Ah ! fit le marquis avec une émotion soudaine : la Tzigane ! elle doit se souvenir !

Charlotte serra la main d’Édouard, qui restait désormais immobile et impassible.

— Est-ce Phatmi qui est ton témoin, mon fils ? demanda la marquise riant et pleurant à la fois : Elle a tout vu, en effet ; elle sait tout, elle était là !

— Qu’elle vienne, répondit Mylord, vous l’entendrez.

Zonza fut aussitôt dépêché à la maison de l’aveugle.

Mylord reprit la parole, et, quoique sa cause fût gagnée d’avance, il la plaida admirablement. Il dit tout ce que l’autre n’avait pu dire, depuis la remise de l’enfant à l’homme du fiacre dans la nuit du 23 mai, jusqu’aux aventures des deux frères de Tréglave.

Laure lui avait fait la leçon complète.

Mais là où il fut véritablement magnifique ce fut dans l’explication du sanglant mystère de cette nuit, au pavillon.