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— Est-ce mon père ? murmura Édouard, est-ce ma mère ? Seul capitaine Blunt pourrait le dire.

— Parlez, au nom de Dieu ! supplia Charlotte.

— Je parlerai pour l’amour de vous : Messieurs, je suis venu en France sans connaître le but de mon voyage. Je ne sais pas si j’ai le droit au nom qu’on me donne ici. J’ai été élevé par un vaillant homme du nom de John Blunt ; il est mort. Son frère, capitaine Blunt lui a succédé près de moi. L’un et l’autre ont toujours été muets au sujet de ma naissance, qui, disait-on, me faisait assez riche pour attirer sur moi de grands dangers. Les dangers sont venus malgré mon ignorance. Hier seulement, capitaine Blunt a prononcé devant moi quelques mots ayant trait à la maison de Sampierre.

— Qui donc alors, vous aurait appris votre naissance ? demanda M. de Rohan.

— Deux femmes, dont l’une est Mlle d’Aleix, et deux coups de couteau, dont l’un me fut donné par ce misérable…

Son doigt tendu désignait Mylord, qui ne broncha pas.

À son tour, le président demanda :

— Quelles sont vos conclusions ?

— Je n’en ai pas, répondit Édouard. Je voudrais protéger cette pauvre dame qui n’ose plus tourner les yeux vers moi et dont la première vue m’a fait battre le cœur ; je voudrais être de quelque service à M. le marquis, que je connais depuis plus longtemps et davantage, mais tous les deux me repoussent. S’il vous plaît